Éditorial : Le CPT face à son échec
Le CPT face à son échec
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) devait rallumer la flamme d’un pays en quête d’espoir. Quelques mois avant la fin de son mandat, c’est plutôt la lueur du désenchantement qui domine. Ce pouvoir de transition, né d’un compromis fragile, s’éteint lentement, faute de vision, de courage et d’unité.
Depuis le départ d’Ariel Henry, les choses se sont empirées. Le pays, déjà affaibli, s’est enfoncé dans la confusion et l’insécurité. Jusqu’à présent, aucune élection n’a été organisée, et il faut rappeler que la dernière élection nationale remonte à 2016. Neuf ans sans renouvellement démocratique, c’est un vide qui creuse la fracture entre les citoyens et ceux qui se disent leurs dirigeants. Les promesses de stabilité, de refondation et de dialogue se sont noyées dans les querelles internes et la peur de trancher.
Pendant ce temps, la réalité sur le terrain est insoutenable : des centaines de milliers de familles vivent comme des réfugiés dans leur propre pays, chassées de leurs maisons par la violence. Certains quartiers ont été transformés en véritables champs de bataille, laissant derrière eux des cicatrices profondes et un pays en ruine. Et comme si cela ne suffisait pas, le passage de la tempête Mélissa a frappé le pays avec violence, aggravant encore la détresse, détruisant des habitations, inondant des quartiers déjà fragiles et précipitant davantage de familles dans la misère.
Pourtant, le peuple haïtien ne demande pas beaucoup pour vivre. Il veut la paix, l’accès à l’éducation, aux soins de santé, et un petit emploi pour subvenir à ses besoins. Ce peuple courageux, qui endure tout en silence, n’aspire qu’à la dignité, au respect et à la stabilité. Mais il se retrouve abandonné, livré à lui-même, dans un pays où l’espoir s’effrite un peu plus chaque jour.
L’économie nationale, déjà fragile, ploie sous le poids de l’instabilité et des catastrophes naturelles. Les entreprises ferment, les emplois se raréfient, et le coût de la vie grimpe chaque jour un peu plus. Les habitants voient leurs efforts réduits à néant et leur confiance dans les institutions disparaître. Le CPT, qui aurait dû être le garant d’un renouveau, se montre incapable de répondre aux besoins fondamentaux de la population.
Le pouvoir de transition se révèle divisé et hésitant. Les membres du CPT, prisonniers de leurs propres contradictions, ont préféré temporiser plutôt que de prendre des décisions audacieuses. Ils ont laissé passer le temps, alors que la nation avait besoin d’actes clairs et déterminés. Pendant que la misère s’étend et que le peuple perd espoir, le CPT s’éteint à petit feu, comme une chandelle vacillante sous un vent trop fort.
Cet échec ne se résume pas à une mauvaise gestion : il révèle un mal plus profond. C’est tout un système politique qui s’effondre, incapable de concevoir un projet collectif et de bâtir un État au service de la nation. La transition haïtienne, promise comme un passage vers la stabilité, se transforme en symbole d’opportunités perdues et d’un vide institutionnel inacceptable.
Le 7 février 2026, un président élu démocratiquement aurait dû entrer en fonction. Pour l’instant, aucun calendrier électoral n’est en vue, et la tenue d’une nouvelle élection présidentielle semble pour le moment hors de portée.
Diplômé en journalisme et communication, chef de projet PM4, PDG du Journal Le Louverture



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