Quand la victime devient la cible : le cas Roselande Belony, reflet d’une société malade

Quand la victime devient la cible : le cas Roselande Belony, reflet d’une société malade

Depuis la diffusion non consentie de vidéos intimes de Roselande Belony, jeune journaliste et 1ère Dauphine de Miss Teen Kiskeya 2022, une vague de moqueries et de haine s’abat sur elle. Sur les réseaux sociaux, certains ne se contentent pas de commenter : ils réclament même que la société la bannisse. Et tout cela, dans un pays plongé dans une crise historique, gangréné par une insécurité sans précédent.

Comment expliquer cette hypocrisie collective ? Alors que le pays s’effondre, que les gangs dictent leur loi, que les écoles ferment et que les citoyens vivent dans la peur, il semble que beaucoup trouvent malgré tout le temps et l’énergie pour piétiner une jeune femme déjà brisée. Ils ricanent, partagent, jugent. Non pas le criminel, mais la victime. Non pas l’agresseur, mais celle dont la vie privée a été volée et exposée sans son consentement.

Le plus choquant, c’est cette mobilisation à géométrie variable : Quand il faut dénoncer l’indifférence des autorités face aux souffrances du peuple, les réseaux sont vides. Mais qu’un scandale intime éclate, et voilà que les écrans s’illuminent, les partages s’enchaînent, les commentaires fusent. On se transforme en juge, en moraliste, en donneur de leçons, comme si la pureté leur appartenait.

Ce qui est arrivé à Roselande relève d’un crime, pas d’une faute morale. Elle n’a rien à se reprocher. C’est sa vie privée qui a été violée, et cette réalité devrait suffire à mobiliser la compassion, pas le lynchage. En la persécutant, la société légitime la cyber violence, et banalise des actes qui pourraient arriver à n’importe qui.

Il serait temps qu’on inverse les priorités. Que ceux qui crient leur indignation aujourd’hui la réservent à ceux qui ruinent ce pays. Que cette même énergie serve à dénoncer l’absence d’un État, l’injustice sociale, l’insécurité généralisée, la misère endémique. Parce que c’est là que se trouvent les vrais scandales.

Roselande, elle, mérite notre respect. Elle incarne le courage, la résilience, la dignité. Elle tient debout, là où beaucoup se cacheraient. Et ça, c’est admirable.

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