Haïti : Instrument de l’Ambition Africaine de William Ruto ?

Haïti : Instrument de l’Ambition Africaine de William Ruto ?

Alors que l’Afrique fait face à des conflits majeurs et à des crises de gouvernance, le président kényan William Ruto a proposé, lors de la 38e Assemblée ordinaire de l’Union africaine (UA), de reconnaître Haïti comme une extension de la sixième région africaine. Derrière ce geste présenté comme un acte de solidarité historique, cette initiative semble surtout répondre à des ambitions stratégiques et politiques.

Si Haïti partage un héritage africain, il reste une nation caribéenne avec une identité propre. La crise qu’il traverse n’a rien à voir avec une appartenance continentale. L’insécurité, l’effondrement des institutions et la catastrophe humanitaire exigent des solutions concrètes, pas une reconnaissance symbolique sans incidence immédiate sur la vie des Haïtiens. Depuis que Nairobi a pris la tête de la mission multinationale en Haïti, la frustration grandit face à la lenteur des résultats. Huit mois après l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU, la situation reste critique.

En cherchant à faire reconnaître Haïti par l’UA, Ruto tente surtout d’élargir le rôle du Kenya au-delà du continent africain, consolidant ainsi son influence et légitimant une mission contestée sur le terrain. Pendant que l’Afrique est submergée par ses propres crises, l’UA doit-elle vraiment consacrer son énergie à une initiative purement symbolique ? Haïti a besoin d’actions concrètes : sécurisation du territoire, rétablissement des institutions et soutien économique efficace, pas d’un statut officiel au sein de l’UA qui ne changera rien à son quotidien.