
ÉDITORIAL – María Isabel Salvador, une présence qui va manquer à Haïti
ÉDITORIAL – María Isabel Salvador, une présence qui va manquer à Haïti
Il n’est jamais simple de représenter les Nations Unies dans un pays aussi fragilisé et imprévisible qu’Haïti. Pourtant, María Isabel Salvador, en fin de mission à la tête du BINUH, aura su relever ce défi avec dignité, constance et une rare capacité d’écoute. Son départ, salué par le Conseil Présidentiel de Transition, laisse derrière lui un sentiment de regret. Non pas parce qu’elle aurait résolu tous les problèmes, mais parce qu’elle avait su instaurer un climat de dialogue sincère dans un environnement où la parole diplomatique inspire souvent la méfiance.
Son approche tranchait avec celle de sa prédécesseure, Helen La Lime, dont le passage reste associé à une période de crispation et de distance. Là où cette dernière peinait à tisser des liens solides avec les acteurs nationaux, María Isabel Salvador a su s’imposer par la discrétion, la proximité et un sens réel de l’écoute. Elle n’a jamais cherché à imposer, mais plutôt à comprendre, à accompagner et à encourager.
C’est précisément ce qui rend son départ difficile à comprendre. Le Secrétaire général de l’ONU n’a visiblement pas pris la mesure des avancées subtiles mais réelles qu’elle avait enclenchées. En annonçant sa relève, sans véritable transition ni évaluation publique de son travail, l’Organisation donne une fois de plus l’image d’un système éloigné des dynamiques locales. Son successeur devra recommencer à s’adapter, à comprendre, à construire des liens. Et pendant ce temps, Haïti attend. Encore.
Dans un pays aussi fragile, le temps est un luxe qu’on ne peut plus se permettre. Chaque mois compte. Chaque retard dans la mise en œuvre d’un appui concret se paie cher. C’est un vrai dommage pour le pays, car avec María Isabel Salvador, un autre visage de la diplomatie onusienne avait émergé. Un visage humain, respectueux, lucide, loin des formules creuses et des postures hautaines.
À lire aussi : Maria Isabel Salvador appelle la communauté internationale à se mobiliser pour la paix en Haïti
Il reste à espérer que la personne qui lui succédera comprendra rapidement les enjeux et les sensibilités du moment. Haïti n’a plus besoin d’observateurs détachés, mais de partenaires investis, prêts à se mouiller dans la complexité du réel.
María Isabel Salvador s’en va, et avec elle s’éloigne une certaine forme d’espoir discret. Celui d’un dialogue plus sincère entre Haïtiens et communauté internationale. Ce fil ne doit pas se rompre.
ÉtiquetteBINUH Haïti María Isabel Salvador
Diplômé en journalisme et communication, chef de projet PM4, PDG du Journal Le Louverture
Laisser un commentaire