OEA: Luis Almagro suggère le retour de la MINUSTAH et soutient l’idée d’une nouvelle constitution haïtienne.
OEA: Luis Almagro suggère le retour de la MINUSTAH et soutient l’idée d’une nouvelle constitution haïtienne.
Cette semaine, lorsque le secrétaire général de l’Organisation des États américains, Luis Almagro, a critiqué la communauté internationale dans une déclaration ,publiée sur le site Web de l’institution, sur la façon dont elle a laissé tomber Haïti, de nombreux internautes ont été surpris. Le secrétaire général a déclaré que le retour des casques bleus de l’ONU devrait être une première étape, et il soutient qu’une nouvelle constitution haïtienne est encore “plus impérative” aujourd’hui. Certains membres, comme M. Ronald Sanders, ambassadeur d’Antigua-et-Barbuda aux États-Unis, ont salué la déclaration “courageuse et correcte” d’Almagro à un moment où Haïti est dépassé par les gangs, les élections semblent de plus en plus insaisissables et la nation souffre de pénuries de nourriture et de carburant. Entre autres choses, M. Almagro a accusé la communauté internationale de se retirer d’Haïti et a critiqué les États-Unis et d’autres pour avoir poussé vers sa fin la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti, MINUSTAH, après 15 ans. Almagro a déclaré que cette décision a également été soutenue et poussée par Jovenel Moïse, et ceci simplement a ouvert la voie à une situation comme celle que nous avons aujourd’hui”.
D’autres voient dans sa déclaration le signe que le chef de l’OEA, après des années de diplomatie tranquille, en a assez du silence assourdissant de la communauté internationale alors qu’Haïti s’enfonce dans l’anarchie.Un journal d’outre mer, le Miami Herald a interviewé le secrétaire général au sujet de sa déclaration.
Ci-dessous, Le Louverture a retranscrit en Français certaines de ses réponses aux questions du Herald .
Question : Cette déclaration sur Haïti est quelque chose que nous n’avons jamais vu de votre part malgré votre réputation de non-conformiste. Qu’est-ce qui est responsable de cette conversion « Haïti » ?
Almagro : Quelle conversion ? Il n’y a pas eu de conversion, juste un sentiment de responsabilité pour faire face à une crise haïtienne continue, avec pratiquement pas d’argent du tout, en faisant de notre mieux pour stabiliser les institutions pendant les pires moments. Comme nous l’avons fait avec les missions spéciales à la fin du mandat du président Martelly ou pendant le gouvernement de transition. Nos missions reflètent la disposition constante au dialogue et ont été très pertinentes dans des moments cruciaux comme ceux que j’ai mentionnés.
Il est indéniable qu’Haïti fait depuis longtemps face à des crises récurrentes dans ces zones. D’innombrables efforts ont été faits par des Haïtiens de bonne volonté et par la communauté internationale pour renverser la situation, avec plus d’échecs que de succès, mais maintenant avec le retrait de la communauté internationale, nous sommes probablement face à un point de non-retour.
Q : À quoi devrait ressembler le nouveau mandat des Nations Unies ? Soutenez-vous un retour des Casques bleus comme la République dominicaine l’a publiquement demandé ?
Almagro : C’est l’une des lignes d’action à considérer très sérieusement. C’est beaucoup plus difficile maintenant que lorsque la MINUSTAH est partie, mais cela montre seulement que cela devient de plus en plus nécessaire de jour en jour. Les conditions sont aujourd’hui beaucoup plus violentes qu’elles ne l’étaient, et le travail sera beaucoup plus dur et avec beaucoup plus de complications. Nous sommes ouverts à d’autres propositions pour assurer la sécurité d’Haïti, mais je dois dire qu’il est très difficile d’arriver maintenant assez vite avec la bonne logistique si cela ne se fait pas à travers des procédures et des mécanismes bien établis qui existent déjà avec les missions de maintien de la paix .
Q : À un moment donné, vous avez soutenu l’idée d’un changement de constitution en Haïti, malgré les critiques des universitaires sur les plans de Moïse, et vous avez continué à faire pression pour des élections alors qu’elles étaient impossibles. Alors qu’est-ce qui a changé maintenant ?
Almagro : En Haïti, l’État a été affaibli à un point tel que l’anarchie règne et que les gangs criminels apparaissent comme un « nouvel ordre » face à cette anarchie. Au premier semestre 2022, 557 personnes sont décédées. Cela porte le taux de décès dus à la violence à 10 personnes pour 100 000 habitants. Pour vous donner une idée de ce chiffre, la Norvège est de 0,5 personne pour 100 000 habitants. Il est bien clair après tout ce que nous avons vu, qu’il était et qu’il est nécessaire d’avoir de nouveaux arrangements constitutionnels et institutionnels en Haïti. Soutenir une nouvelle constitution est désormais devenu impératif et il ne s’agit plus de Jovenel Moïse.
Q : Que répondez-vous à ceux qui disent que vous et l’OEA êtes également responsables de la crise en Haïti ?
Almagro : Aujourd’hui, la violence est un outil entre les mains des agresseurs du président et d’autres. Alors, que dois-je dire à ceux qui disent que je suis responsable du malaise d’Haïti ? Je dis que c’est un non-sens, pour les raisons expliquées ci-dessus. Mais aussi à cause d’autre chose que j’ai mentionné, l’existence de critiques qui ne veulent pas de vraie solution pour Haïti ; ceux qui ont chassé la MINUSTAH pour laisser les gangs gouverner le pays ou ceux qui profitent personnellement de l’argent du peuple.
Almagro : En Haïti, l’État a été affaibli à un point tel que l’anarchie règne et que les gangs criminels apparaissent comme un « nouvel ordre » face à cette anarchie. Au premier semestre 2022, 557 personnes sont décédées. Cela porte le taux de décès dus à la violence à 10 personnes pour 100 000 habitants. Pour vous donner une idée de ce chiffre, la Norvège est de 0,5 personne pour 100 000 habitants.
Il est bien clair après tout ce que nous avons vu, qu’il était et qu’il est nécessaire d’avoir de nouveaux arrangements constitutionnels et institutionnels en Haïti. Soutenir une nouvelle constitution est désormais devenu impératif et il ne s’agit plus de Jovenel Moïse.
Q : Quelle est la responsabilité de l’OEA dans l’affaiblissement des institutions en Haïti et dans cette crise ?
Almagro : Clairement, nous n’avons jamais eu les ressources financières pour construire des institutions en Haïti. Clairement, nous n’avons jamais eu les ressources financières pour assurer la sécurité en Haïti, et clairement nous n’avons jamais eu les ressources financières pour le développement d’Haïti. C’est ce que nous demandons maintenant parce que rien d’autre n’a fonctionné. Nous demandons de nous laisser assumer cette responsabilité maintenant dans le pire moment d’Haïti.
Q : Lorsque vous parlez de communauté internationale, à qui faites-vous exactement référence ? Les États-Unis ou les Nations Unies ? Et cette critique de la communauté internationale inclut-elle l’Organisation des États américains ?
Almagro : Tous ceux qui injectaient de l’argent dans un tel système, créant et recréant le pire. Après 20 ans d’injection d’argent dans le pays, Haïti n’a toujours pas d’électricité, d’eau et d’assainissement..
Q : Haïti continue d’être gouverné par un Premier ministre non élu, des gangs font rage partout, et pourtant certains États membres de l’OEA ne semblent pas disposés à faire beaucoup plus que cette déclaration. Pourquoi la réticence?
Almagro : Je le répète, mon rôle est de sensibiliser, sensibiliser et sensibiliser la communauté internationale. La déclaration est un appel à l’action pour tout le monde, donc je m’attends à ce que tout le monde réponde à cet appel.
Q : Qu’allez-vous faire maintenant au sein de l’OEA pour apporter des changements qui aideraient Haïti ?
Almagro : Nous continuerons à travailler sur les solutions proposées dans notre déclaration.
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