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Les mauvaises influences.
Sur la cour de l’école, Fabien est seul dans son coin ; il est en quarantaine, ou du moins, il s’y est mis volontairement. Il ne pouvait plus supporter les regards pesants, moqueurs, les blagues sarcastiques des autres élèves.
Et pourtant, sa mère se sentait bien ; elle disait toujours à son fils de ne pas s’en faire, qu’il était victime, d’aigris, jaloux de leur réussite.
Elle n’écoutait pas les nouvelles, se souciait peu des mouvements et revendications sociaux ; pour elle, seuls les imbéciles pouvaient critiquer les gens qui se frayaient un chemin dans cette jungle de vociférations, d’envies, de convoitises, du gain.
Elle ne voulait pas savoir d’où provenait l’argent de leur soudaine réussite, de leur fulgurante ascension. Elle encourageait son mari, le Papa de son fils à en faire davantage en le flattant, le félicitant, l’encourageant.
Il y avait toujours de nouveaux projets, de nouveaux défis et surtout la compétition avec les voisines, les amies.
Pris dans l’engrenage, le Papa de Fabien ne pouvait plus reculer, il fallait assumer son rôle de nouveaux riches et plaire à cette femme hautaine, snob qui se considère comme un trophée convoité, une perle rare, une chance pour ce Paysan éduqué, chanceux de se trouver dans son lit en tant que mari.
Les mauvaises notes de Fabien passèrent inaperçus, brasse oblige, par des parents trop occupés à amasser de l’argent.
Sauf que l’histoire ne pardonne pas, le temps file mais ne revient pas ; la facture de nos actions bonnes ou mauvaises arrivera tôt ou tard.
Le jugement dernier se fait sur les parvis des églises le jour de notre dernière cérémonie, de notre dernière danse, de notre dernière chanson que nos lèvres scellées ne pourront pas chanter, nos pieds engourdis ne pourront pas rythmer.
Fabien se suicida ; trop jeune, trop faible pour supporter le poids de cette condamnation, de ce rejet collectif qu’il n’eut point occasionné.
Le Papa de Fabien se tint la tête, les yeux mouillés, le cerveau en compote. Il cherchait un sens à tout cela ; un sens à la vie désormais.
Il regarda sa femme à travers ses larmes de Papa brisé et prit la seule décision qui s’imposait à lui en pareilles circonstances…
Raphaël Théoma Daniel
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