Opinion : Autant en décide les Gangs…
Autant en décide les Gangs…
Si vous ne l’aviez pas encore compris, nous sommes tous en prison ; partout. Nous sommes cernés de toutes parts ; je me rappelle comme si c’était hier de l’opération lancée par des membres d’organisation populaire baptisée a l’époque : ‘’Etau Bouclier populaire’’. Et l’explication était claire, tout le monde était enfermé dans un cercle bien gardé sans possibilité de s’en sortir.
Des années plus tard rien n’a changé, sinon pour le pire.
Belle comme elle seule, on avait rendez-vous à 5h00 ; sauf que j’avais oublié que la terre tournait plus vite à cette période de l’année ; les rayons du soleil disparaissaient plus vite ; en plus nous perdons une heure de lumière avec ce changement d’horaire décidé en notre nom par les autorités.
Il était 5h40 lorsqu’elle arriva ; le chauffeur de moto réclama 200 gourdes.
Dans la lumière, elle était encore plus belle, ravissante, rayonnante, sous son maquillage léger, bien déposé sur sa peau d’ébène pur ; décidément, les femmes noires, les négresses naturelles étaient les plus belles au monde, Miss Univers vient d’en faire l’expérience. Point à la ligne.
- Je ne pourrai pas rester longtemps avertit-elle pour entamer la conversation.
- Pourquoi questionnai-je?
- Là où j’habitais, on ne rentrait pas tard, expliqua-t-elle.
Et c’est au cours de cette conversation que j’allais apprendre bien des choses ; par exemple, on ne pouvait pas changer d’habit si on sortait ; il y avait un contrôleur pour ces détails. Pour quitter la zone, c’est-à-dire, pour déménager en douce, on vous réclamait 2.500 gourdes (deux mille cinq cent gourdes); si vous possédiez une maison pour y retourner après un certain temps d’absence c’était le double, 5 000. 000 (5 mille gourdes).
Elle me raconta qu’elle ne recevait plus depuis bien longtemps des visites d’amis ; trop risquer, les manches circulaient comme s’il s’agissait de canne à sucre ; ironie du sort, le commissariat de police se trouvait à quelques pas, décrivit-elle dans un rictus nerveux.
Elle voulait quitter la zone, ne savait pas comment s’y prendre ; elle ne pouvait pas abandonner le peu qu’elle possédait ; elle ne travaillait pas.
Elle s’est faite tatouée pour mieux se fondre dans le décor, mais au fond d’elle-même, elle rêva de se les faire enlever plus tard.
- Aidez-moi à quitter la zone me supplia-t-elle…sans me donner le temps de répondre, elle se leva ; elle doit partir, il était 6h45.
Sur la rue, elle avait du mal à se trouver un chauffeur de moto pour la déposer chez elle à cette heure, (6h50); à chaque fois qu’elle expliquait sa destination, les chauffeurs moto filaient à plein gaz. Enfin un brave accepta de la déposer à mi-chemin, double course évidemment…
Et l’étau se resserre. Partout ! Bidonville, quartier huppé, porcherie, ‘’deye latrin’’, ‘’lotbo kannal’’ ; ne vous faites pas d’illusions; vous êtes dans le cercle. Et les Gangs sont là pour longtemps…
Voici votre Bébé, votre monstre, votre cancer…vivez avec, assumez !
Autant en décide les Gangs…
Raphaël Théoma Daniel.
Pdg de RAFO Consultations
Remerciements à Me Eddy Paul Fleurant/Peter Reynold Delcine et le Jeune Barreau de PaP, UNASMOH.
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