Vertières un jour, Vertières toujours, Vertières pour tous”
Le premier ministre haïtien Dr Ariel Henry avait deux missions en ce 18 novembre 2023.
1) Camper la bataille de Vertières dans son contexte.
2) Se battre contre les effaceurs de mémoire.
Depuis plus de 30 ans, parler des héros, placer les dates historiques dans leur contexte relève d’un affront, voire d’un crime. L’épopée de 1803 est vieille de 220 ans, cependant à bien des égards, elle est très proche, elle est vivante. Aujourd’hui, il n’y a rien à réinventer, tout était déjà accomplie par nos ancêtres. La question demeure l’héritage.
Ce 18 novembre ramène la bataille de Vertières, comme d’habitude, au lieu d’une préparation fébrile en vue de rendre hommage à nos grand-parents, nous nous attardons sur des divergences et querelles individuelles ou claniques.
C’est ce que le premier ministre avait comme mission dans son discours de circonstances. Et les mots qu’il a employés pour faire passer son message font ressortir ce malaise national qui déchire le tissus social.
“Vertières, un nom qui résonne fort et fait vibrer la fibre patriotique de toutes les Haïtiennes et de tous les Haïtiens. La Bataille de Vertières livrée par nos aïeux en ces lieux, est et demeure un fait historique majeur, dont la portée et le symbolisme dépassent les frontières haïtiennes. Cette victoire a marqué à tout jamais l’histoire de l’humanité. Cette apothéose du combat pour la liberté et pour la dignité de la personne humaine, a propulsé l’humanité, en particulier les peuples confrontés à l’esclavage, dans un autre âge, et a permis d’explorer une autre philosophie”.
Cette remarque à l’universalité de la bataille de Vertières dans la logique de la communication politique renvoie à une autre dimension beaucoup plus large et transcende les lieux, les espaces, le temps.
Une fois de plus dans cet exercice de communication, le premier ministre Ariel Henry a touché une corde sensible, celle de la Solidarité et des résultats qui s’en sont suivis. La dégradation de la situation sécuritaire qui met en danger les acquis d’hier exige un dépassement. Cette partie du discours est d’une importance capitale.
“Ce 220ème anniversaire de la Bataille de Vertières, dans ce moment très particulier que nous vivons, est l’occasion d’une halte pour nous rappeler, en Haïti, que l’indépendance n’a été possible uniquement parce que nous avons su réaliser l’union sacrée de toutes et de tous en vue de changer le destin de tout un peuple qui a dit non à la barbarie esclavagiste et oui au respect de son droit inaliénable à l’égalité”.
Et comme une piqûre de rappel pour les amnésiques, le neuro-chirurgien plaça les mots pour identifier la cellule cancéreuse et expliquer la marche à suivre pour que l’opération sociale réussisse.
“Ce beau pays dont nous avons hérité, mérite bien qu’aujourd’hui, nous le mettions au-dessus de toutes les querelles fratricides, de tous les intérêts particuliers, de toutes les colères légitimes, afin de poursuivre le rêve de liberté, d’égalité et de fraternité de nos ancêtres.
“Cette 220ème commémoration de la bataille de Vertières qui ouvre sur l’année des 220 ans de notre indépendance est un moment de réflexion et de rassemblement“.
Témoins et héritiers nous devons tenir notre rang historique. Nous avons besoin de jeter des regards en arrière pour assumer, comprendre et préparer le futur.
Car le futur, c’est déjà aujourd’hui et nous devons soigner notre Haïti chérie.
Et non seulement, le langage médical est présent dans le discours, mais aussi la prescription pour la guérison; et c’est vital. C’est-à-dire les règles du jeu démocratique qui comprennent l’alternance, le rendez-vous des urnes, la stabilité et la solidité des Institutions.
“Soigner Haïti c’est œuvrer pour la restauration des institutions démocratiques et de l’état de droit, parce que c’est notre choix en tant qu’Haïtiens, et parce qu’il est plus que temps de redonner la parole au peuple souverain et de laisser parler les urnes; “Soigner Haïti comprendre qu’il y a un combat à mener pour que les haïtiens aient envie de demeurer chez eux, parce qu’ils peuvent y vivre, y travailler et se construire un avenir pour eux-mêmes et pour leur famille“.
La fin de ce discours stratégique, conjoncturel, informatif n’est autre qu’un appel à la conscience agissante face aux défis surmontables dans l’union.
“Nous avons besoin de nous donner les moyens de tenir nos promesses envers nous-mêmes et envers notre pays. Parce que Haïti a fait et gagné la bataille de Vertières, elle a fait à ses citoyens et au monde la promesse de veiller sur la liberté, de créer les conditions de l’égalité entre ses citoyens, de toujours faire la promotion de la fraternité qui garantit la paix. Ces promesses n’ont pas pu encore être tenues, certes, mais elles demeurent“.
“Nous devons retrouver l’union qui a conduit à ces victoires. La même formule nous conduira encore à la victoire“.
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