La coordonnatrice de la REFKAD plaide pour une réponse humanitaire au-delà de la politique en Haïti
La coordonnatrice de la REFKAD plaide pour une réponse humanitaire au-delà de la politique en Haïti
Lors de la réunion annuelle de l’ECOSOC (Conseil économique et social) ce 20 juin 2023 autour du thème “Transition de l’aide au développement, prendre des mesures pour promouvoir des solutions durables dans un contexte de crise et de désintégration”, la coordonnatrice de REFKAD Rezo Fanm Kapab dAyiti, Tina Nadine ANILUS, a appelée à une réponse humanitaire au-delà de la politique et de l’accès aux financements importants pour des organisations locales en Haïti.
Mme Nadine Anilus, invitée en tant que membre du CLIO (Cadre de Liaison Inter-Organisations), une structure qui regroupe plus de 80 ONG haïtiennes et étrangères. Au cœur de cette rencontre, une table ronde sur la situation d’Haïti avec la participation des hauts fonctionnaires de l’ONU. L’objectif était de partager les expériences Haïtiennes sur les principaux défis auxquels la population, en particulier les femmes et les filles, est actuellement confrontée.
La réunion était coprésidée par l’ambassadeur Maurizio MASSARI, représentant permanent de l’Italie auprès des Nations unies et vice-président de l’ECOSOC pour les affaires humanitaires, et Monsieur Albert R. CHIMBINDI, ambassadeur du Zimbabwe auprès des Nations unies et vice-président de l’ECOSOC pour les affaires opérationnelles pour le développement, ainsi que des représentants de l’OCHA, de la Coordinatrice humanitaire en Haïti, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du directeur du bureau du PNUD pour la prévention des crises, et d’autres acteur-es qui évoluent en Haïti .
«La violence des gangs accentue la crise humanitaire »
Dans son discours, la militante féministe a souligné les impacts majeurs des violences des gangs dans le pays, sur la chaîne d’approvisionnement alimentaire et sur l’accès de la population aux services sociaux les plus élémentaires.
Elle souligne, que dans un rapport du 24 avril 2023, des Nations Unies mentionne que l’insécurité dans la capitale haïtienne avait atteint un niveau “comparable à celui des pays en guerre”, et entre le 1er janvier et le 31mars, le nombre d’homicides signalés dans le pays a augmenté de (21%) par rapport au trimestre précédent (815 contre 673), et le nombre d’enlèvements de 63% (637 contre 391).
Ceux dont la mission est de protéger la vie et les biens n’ont pas été épargnés par l’insécurité : de juillet 2021 à avril 2023, (84) agents de la police nationale ont été tués, soit une moyenne de 4 par mois, la plupart dans l’exercice de leurs fonctions, laissant leurs femmes et enfants livrés à eux-mêmes.
Voici un extrait du discours de la coordonnatrice de REFKAD Rezo Fanm Kapab dAyiti, Tina Nadine ANILUS
Dans ce climat d’insécurité constant, chacun cherche à sauver sa peau et on ne compte plus les familles qui fuient les quartiers gangrénés, les enlèvements contre les rançons excessives. Les incendies criminels des marchés publics qui constituent l’épine dorsale économique de milliers de commerçantes qui doivent payer seuls des prêts bancaires exorbitants, sans compter les naufrages de petites embarcations dont le dernier, le 3 juin 2023 et le taux élevé d’accidents de la route dont sont victimes les femmes commerçantes, en particulier les Madan SARA.
Il existe également des événements et des réponses liées au climat : L’ouragan Matthew, qui a frappé le sud d’Haïti en 2016, a causé des pertes et des dommages estimés à 2,8 milliards de dollars. La même région a été frappée par l’ouragan Grace en 2021, qui a détruit les cultures et les moyens de subsistance de la population, est toujours menacée par la nouvelle saison des ouragans, qui commence le 1er juin 2023.
Alors que l’environnement n’est plus propice à la vie, le pays est plongé dans sa quatrième année consécutive de récession économique depuis 2022. Le ralentissement économique, combiné à un taux d’inflation de 48%, a un impact sérieux sur le panier de la ménagère, avec la hausse des prix des denrées alimentaires et des services de base”, a poursuivi Mme Anilus. “Sans un plan durable de relance économique, la misère sera toujours à nos portes.
Vulnérabilité des acteurs locaux (OSC)
Dans ce panel de haut niveau, sur le thème « Expérience Haïtienne : Faire face à des défis urgents, en particulier en matière de santé, de sécurité alimentaire et de protection ». La coordonnatrice notifie que les organisations locales sont souvent les premiers recours des communautés vulnérables par leur proximité et ancrage, mais vivent durement le désespoir les cas des victimes des violences armés spécifiquement les femmes et les filles dans le pays.
En tant que réseau d’organisations locales de femmes haïtiennes, REFKAD et d’autres OSC locales, ont été dépassées par les événements, sans accès aux financements importants pour les réponses qui s’imposent sur le moment afin de transiter de l’humanitaire vers le développement au regard des (17) objectifs de développement durable.
“Ma communication se veut un fort plaidoyer pour l’implication et la participation des acteurs locaux dans l’agenda de l’aide au développement, pour le localiser afin de mieux répondre aux besoins réels de la population locale et d’aider le pays à sortir de sa vulnérabilité croissante et de la féminisation de la pauvreté.
« Nous avons besoin d’une réponse humanitaire qui va au-delà de la politique, la réponse post-séisme 2010 devrait nous servir de leçon utile » , a-t-elle plaidé.
Devant l’ampleur alarmante de la crise et le besoin urgent d’agir, le financement de la communauté internationale destiné à Haïti a été lent à se matérialiser, malgré les appels répétés de la communauté humanitaire en Haïti au cours des trois dernières années. Pour 2023, un peu plus de (20 %) du plan de réponse humanitaire totalisant 719,9 millions de dollars, ont été collectés à ce jour, bien loin de l’objectif fixé.
Mme Anilus conclu sa présentation avec certaines recommandations suivantes :
- Soutien durable à la restauration de l’État de droit tout en garantissant la BONNE gouvernance et la sécurité.
- Urgence de renouveler la classe politique.
- faciliter l’accès des organisations locales aux subventions importantes.
- Activer des cycles d’échanges sur les questions clés entre les acteurs locaux et ceux d’autres régions du monde afin de mener une lutte efficace pour soutenir les communautés vulnérables en temps de crise.
- Mettre les fonds de pertes et dommages à la disposition directe des communautés touchées par la crise climatique.
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