Coopération Haïti-Suisse: AYITIKA, de la racine du cacaoyer à la tablette de chocolat

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Coopération Haïti-Suisse: AYITIKA, de la racine du cacaoyer à la tablette de chocolat

L’Ambassadeur de Suisse, S.E.M Fabrizio Poretti a rencontré M. Jean Chesnel Jean, et Mme. Stephany Laforest, respectivement PDG et Directrice exécutive AYITIKA, une entreprise locale ayant bénéficié de la synergie entre le PROFISUD et le PAGAI, des programmes dans le cadre de la coopération Suisse-Haïti. 600 hectares de terre dédiés principalement à la culture du cacao. Le mardi 27 juin, M. Poretti a visité la ferme centrale de AYITIKA et son Jardin Kreyòl à Moreau dans la commune de Torbeck, dans le département du Sud et l’arrondissement des Cayes.

Cette année de 2023, L’AVPA , l’Agence pour la Valorisation des Produits Agricoles, a récompensé, l’Ayitika, pour sa tablette de 70% Chocolat Noir, au 3ème Concours international des chocolats élaborés à l’origine, dans la Catégorie Chocolats Noirs Fantaisie, au gourmet de Paris, en France. Autant dire que l’équipe qui gère ce terroir de cacao, qui a pour ambition de mener sa production de la racine à la tablette, pour permettre aux agriculteurs de bénéficier de plus de profit, a réalisé un travail fructueux avec ses ressources, le financement reçu de la coopération Haïti-Suisse et les autres partenaires. En effet, cette structure est l’une des 20 micro-entreprises agricoles ciblées par le PROFISUD et le PAGAI, dont 5000 exploitations agricoles familiales dans les départements du Sud et de la Grand’Anse, plus de 100 jeunes et femmes des écoles techniques agricoles.

Le Programme d’appui à une gouvernance agricole inclusive en Haïti (PAGAI) et le Programme de Gouvernance Territoriale des Filières Agroforestières Cacao et Igname dans le Grand Sud d’Haïti  (PROFISUD) sont des plans de la coopération Haïti-Suisse et leur multiple partenaire qui réunissent à eux deux un budget de 18,150,000 francs suisse.

Le programme PAGAI mise en œuvre par le consortium Helvetas Swiss, l’Intercoopération, Agronome et vétérinaire sans frontières (AVSF), le Groupe de Recherche et d’Appui au Milieu Rural (GRAMIR), et la Direction de l’Innovation du Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement rural, vise à améliorer l’accès de 55000 exploitations agricoles familiales haïtiennes à un cadre politique et des services appropriés, en accompagnant les organisations paysannes, qui seront renforcées dans leur gouvernance interne, dans leur capacité de défendre leurs intérêts et plaider pour les paysannes et paysans d’Haïti. De son côté PROFISUD veut appuyer ces agriculteurs, en les aidant à améliorer leurs méthodes de production et promouvoir des partenariats entre différents acteurs, visant également à contribuer à ce que le potentiel de deux chaînes de valeur agroforestière : le cacao et l’igname soit mieux exploité au profit des communautés. Le PROFISUD est financé à hauteur de 53% par la Suisse.

M. Jean Chesnel Jean, PDG de l’entreprise, nous fait une description. AYITIKA est une entreprise citoyenne créée sur papier en 2012, mais on a vraiment commencé avec la production en 2016, juste avant le cyclone Matthew. On a fait choix de travailler dans le cacao parce que moi l’un des fondateurs, j’avais travaillé dans le cacao avant. Grâce à toutes ces expériences dans le cacao, dans le café, dans ces filières, j’avais vite compris qu’il y a un problème au niveau du développement en Haïti. En général parce qu’il y a un état qui est faible, il y a des ONG qui arrivent avec l’argent qui investit, sauf qu’en général on voit des résultats un peu mitigés, car il y a une route qu’on ne prend pas en Haïti.

Le PDG de l’entreprise poursuit: En parlant du cacao, on est dans le bassin de l’Amérique latine des pays comme l’équateur, le Pérou, le Costa Rica, le Venezuela, la Colombie. Ce sont les pays les plus performants au niveau mondial en termes de qualité de cacao. Souvent on parle de l’Afrique, puisque les grosses productions viennent d’Afrique; la Côte d’Ivoire, le Ghana, mais en matière de volume. Quand on parle de qualité de cacao ce sont des pays de l’Amérique latine, de l’Amérique centrale, et on est à côté. Donc on ne profite pas beaucoup de cette opportunité qu’on a. Mais au cours de mon voyage avec AVSF, j’ai voulu comprendre quels sont les potentiels, comment ces pays ont su développer leur capacité et quels sont les potentiels qu’on a en Haïti.

Pourquoi AYITIKA a été choisi par la coopération Haïti-Suisse.

Nous avons une approche de combinaison de l’engagement citoyen c’est pour ça qu’on est là dans la commune de Moreau, nous avons traversé la rivière, et avons fait le choix de venir ici. Nous avons choisi la science, parce qu’on travaille aussi avec des centres de recherche au niveau international. La France, le Costa Rica, la Belgique; des experts mondiaux dans le cacao et puis des partenaires techniques des partenaires financiers. Parce que je savais qu’il y avait un marché à prendre dans ce créneau, vu qu’on est en Haïti et qu’il n’y a pas de crédit pour les PME, en créant cette entreprise l’accès au crédit était de 30 % 40 % par an, et on a pas les reins pour supporter tout ça. C’est pour ça que nous dans l’entreprise on a une approche ou on commence à développer le cacao de la racine à la tablette. Parce que dans le marché mondial du cacao il y a vraiment des avantages à prendre il fallait bien savoir comment s’y prendre. Nous avons fait une approche technique de recherche, depuis la sélection des variétés jusqu’à la production du chocolat. Puisqu’aujourd’hui dans le monde de l’alimentaire, si vous prenez le vin par exemple , quand vous allez en France, il y a des milliers de terroirs de semailles. C’est la même chose pour le cacao aujourd’hui on ne peut pas parler de chocolat d’Haïti, parce que dans le cacao, il y a des variétés et les variétés ont leur goût, et chaque variété plantée dans un autre terroir à un autre goût. Donc il y a une diversité d’arôme de saveur qu’on peut tirer du cacao, il y a plusieurs chocolats qu’on peut produire à partir du cacao c’est ça la stratégie de l’entreprise on travaille de la racine à la tablette, du “root to bar” à l’opposé d’autres grandes entreprises de Suisse, de la Belgique ou des entreprises françaises qui ont la fève qui font du chocolat: “bean to bar”. Mais nous au lieu de la fève on part de la racine avec toute la maîtrise de la technique de la convenance des variétés.

Le cacao, quand et comment ?

On a développé cette approche de recherche avec le Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement CIRAD, en 2015 pour sélectionner au niveau du département du Sud, des Nippes et de Jacmel les variétés qu’on appelle des cacaos d’élite, parce que ce sont des cacao qui produisent beaucoup, qui ont un bon arôme déjà depuis la plantation, même à l’état brut et se sont aussi des cacaos qui sont vigoureux, qui ne sont pas malades. On a fait un travail de sélection, et on a conservé ces variétés dans des banques génétiques.

Ce sont des variétés locales sélectionnées observer pendant 2 ans on a pu sélectionner 250 qui sont les plus performants. On a ce qu’on appelle le jardin clonal, qui est une bague de germoplasme, où on garde vivant des tissus des ressources génétiques. Ce travail de sélection est en amont de toute dynamique de développement d’une filière de développement durable. Dans tous les pays du monde sur les marchés spéciaux, il faut prouver l’origine, ou expliquer ce qu’on vend comme produit, pour expliquer tout ça il faut maîtriser en amont les variétés.

*Mme Stephany Laforest explique le concept de Jardin Kreyòl: “Avant de planter le cacao, il faut s’assurer qu’il y a assez d’ombre si l’espace n’a pas d’ombre. Soi l’espace a assez d’ombre on peut voir comment ajuster , des fois ça demande d’ajouter quelques arbres en plus. Des fois ça demande de débrancher un peu pour s’assurer qu’il y ait équilibre. Maintenant disons qu’il y a un terrain qui n’a pas d’ombre, un terrain vierge, on installe d’abord la couverture quand il y a assez de couverture, visiblement 70 % de couverture sur l’espace on peut entrer le cacao. Dans le package [offert aux agriculteurs] on vend les arbres de couverture qui sont choisis par rapport à leur vitesse de croissance, à leur feuillage, qui permet l’entrée de lumière, et qui sont assez nombreux. Donc il y a des critères techniques, qu’il faut respecter pour le choix de ses arbres. Dans le paquet tu as aussi un booster, par rapport à quelques cultures; l’igname, la mangue, le pois canavalia qui est une légumineuse qui s’assure qu’il y ait plus de matière organique acide azote pour le développement des plantes. Donc, il y a des choix stratégiques de culture, et comme on parle du jardin créole, plus le jardin est diversifié, plus le jardin est résilient. Aussi le jardin créole répond à plusieurs objectifs; il y a la question de la sécurité alimentaire, parce que dans le jardin, on trouve de la banane, il y a de l’igname, des légumes, du pois ,tout ce que je mets dans la parcelle avant de planter le cacao.

L’interview s’est déroulée autour de tasses de chocolat chaud, et M. Poretti s’adresse aux officiels, en présence de la presse, pour savoir où ils en sont.

La directrice générale Mme Stephany Laforest répond : « Moi en particulier, je suis un peu impressionnée par la présence d’autant de journalistes, mais aussi comme on travaille sur la stratégie de communication de l’entreprise, je pense qu’on a les aspects techniques, mais la communication il ne s’agit pas de prendre des photos, c’est important de focaliser tout ça, qu’on s’assoit, qu’on ait un petit rendez-vous pour dire ce qu’on attend des journalistes.

Pendant les entretiens que voit-on? qu’est-ce qu’on ne voit pas ou est-ce qu’ils ont accès ou pas. C’est mieux dès le départ qu’on soit sur la même longueur d’onde sans offensé personne c’est juste que pour que tout le monde soit un peu à l’aise. Je ne m’attendais pas à autant, si vous me sentez un petit peu inconfortable”. Nous comprendrons pourquoi a-t-elle fait une telle introduction. Un peu plus tard à la fin de la visite, L’Ambassadeur de la Suisse, S.E.M Fabrizio Poretti, le responsable de la communication M. Grégory Jean, et les autres membres de la délégation présente ont été invités à une petite dégustation, durant laquelle la Directrice exécutive de AYITIKA rappelle aux journalistes présents que les médias ont un rôle prépondérant dans la promotion des entreprises locales. Et la rencontre avec la presse peut être mise à profit. Il faut dire que trop souvent la presse à scandale domine l’attention du public, alors que des entreprises à impact attendent d’être mises sous le feu des projecteurs.

À lire aussi :S.E.M. Fabrizio Poretti, chargé d’affaires des programmes de la Coopération Haïti-Suisse, en visite dans le Grand Sud.