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Un Enfer si Proche…(Une autre Constitution pour Qui) ???
(Pour des raisons de sécurité, je ne dévoile pas le nom de l’entreprise).
Une Journée de travail en Enfer ; j’ai eu toutes les peines du monde à me faire engager ; je me suis maquillé, j’ai porté des vêtements de circonstances et présenté une fausse carte.
Je suis engagé, je suis Gustave.
Dans cet entrepôt quelque part en Haïti, la journée de travail se paye 350 gourdes pour un travail 100 % physique.
Pourtant on y rencontre beaucoup de jeunes femmes, souvent une famille entière, de la grand-mère à l’arrière petite fille de 17 ans.
Le travail consiste à débarquer des containers remplis de produits de toutes sortes : pois, riz, céréales, lait, farine, sucreries, pâtes alimentaires…
Travail exigeant, on vous demande toujours plus durant la journée ; pas de répit.
Maudeline a été engagée ce lundi ; 10h du matin après 3 heures de travail, elle pleurait de fatigue, pourtant on n’a attaqué qu’un container, il en restait 4 autres remplis.
Elle avait des courbatures, mal au dos, à la tête, au cou, aux pieds.
On déchargeait les sacs sur la tête…
Sans assurance, sans aucun droit, sans protection, personne n’a de contrat de travail, tous des journaliers ; lois, décrets, dispositions légales, syndicats tout est banni dans cet “Antre du Diable”.
Là, on vous traite comme une chose et j’en ai eu le coeur brisé. On ne vous doit rien, absolument rien…
Je résistai à l’envie de tout plaquer et de dévoiler mon identité, lorsque des aboiements survinrent d’un bureau à l’étage ; malgré les vitres épaisses et le vacarme on pouvait entendre les cris et vociférations ; quelques minutes plus tard, l’un des controleurs, (commandeurs) arriva en pleurs ; il vient de se faire humilier, chier par les patrons ; on lui a crié dessus, traité comme une crotte de chien sur le trottoir.
On lui reprocha d’être trop mou avec nous.
4 heures de l’apres-midi, fin de la dure journée, nous sommes tous en ligne pour recevoir nos 350 gourdes et rentrer chez nous, fatigués, vidés, amers dans la perspective d’une autre journée en enfer.
Maudeline traina sur ses pieds, soutenues par 2 autres filles toujours en pleurs, elle faisait pitié ; elle ne reviendra pas mardi, trop dur, elle a la fièvre.
Mes 350 gourdes, je les ai distribuées avec les autres ; l’une d’elle me chuchota, je savais que tu étais un espion, di saw wè, ki mizè nap pase nan lanfè sa…
Elle avait raison, c’était l’enfer sous nos yeux, on le savait…
En rédigeant ce Papier, j’ai la fièvre et je pense encore à “Maudeline” et aux autres condamnés de cet enfer accepté.
La question demeure : faut-il une autre constitution pour sauver ces gens ou une prise de conscience citoyenne… ?
Raphaël Théoma Daniel
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